Où en est-on aujourd’hui dans notre pays du point de vue de l’égalité des chances entre homme et femme ?

La patrie de l’homme est là où il se trouve bien… et celle de la femme ? L’histoire de la Suisse avec ses pères fondateurs et son Guillaume Tell est éminemment masculine et pourtant elles ont été nombreuses à se rebeller, à aider, instruire, soigner, se battre seules ou aux côtés de leurs époux, bref à marquer cette histoire de leur contribution.

Bien que les chiffres soient en évolution positive, peut-on parler aujourd’hui d’une réelle égalité des chances entre les hommes et les femmes dans le monde du travail en Suisse ?

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Vers une meilleure reconnaissance plutôt qu’un gommage statistique des différences

Le taux d’activité professionnel des femmes en Suisse,  notamment à temps partiel,  est à la hausse et il  est en moyenne plus élevé que dans les autres pays européens, toutefois la ségrégation de genre reste marquée se manifestant par une concentration des emplois féminins dans certains secteurs spécifiques. Il est clair que les efforts faits au cours des dernières décennies ont conduit à une évolution notable mais l’équité avec les hommes reste partielle et derrière les chiffres statistiques en évolution favorable se cache une réalité économique et familiale en décalage.

La conjonction des traditions culturelles, d’un accès plus limité et plus onéreux aux solutions de garde d’enfants et des considérations économiques explique pourquoi la Suisse affiche l’un des taux les plus bas de femmes travaillant à 100% parmi les pays européens. En effet, les mères continuent d’être fortement orientées vers un emploi à temps partiel par la nécessité de concilier vie professionnelle et vie familiale, cumulant dès lors l’équivalent d’un double-emploi.  Parmi les femmes actives avec enfants 78 % travaillent à temps partiel, alors que seulement 12 % des pères se trouvent dans cette situation.

Les modèles traditionnels, père à plein temps et mère inactive ou à faible activité,   tendent à diminuer,  remplacés par des configurations dans lesquelles les deux partenaires travaillent avec une évolution à la hausse du taux d’activité moyen des femmes. Toutefois le rééquilibrage du partage des tâches domestiques qui doit en découler progresse plus lentement. Bien que les hommes consacrent désormais davantage d’heures aux travaux ménagers et aux soins familiaux, dans la majeure partie des cas l’essentiel de ces tâches continue de revenir aux femmes.   Les enquêtes récentes montrent que les hommes restent plus attachés à l’idée que leur rôle principal est de subvenir aux besoins économiques du ménage, tandis que les femmes, même si elles adoptent progressivement des modèles plus égalitaires, supportent encore une grande partie des responsabilités domestiques et familiales.

Sur le front de la conciliation travail-famille la situation reste très difficile pour les femmes. Le coût élevé et l’insuffisance des solutions de garde d’enfants, combinés à une fiscalité désavantageuse pour les seconds revenus, dissuadent souvent les femmes d’augmenter leur taux d’activité.  À l’inverse, des pays comme la Suède ont mis en place des politiques de congé parental plus équitables – jusqu’à 78 semaines à répartir librement entre les deux parents – et des services de garde d’enfants abordables, facilitant ainsi une participation plus équilibrée des femmes au marché du travail. Dès lors, l’enjeu ne se limite pas à atteindre un équilibre chiffré et la question véritable devrait reposer sur une reconnaissance réelle des différences,  sur une répartition plus équitable des tâches et des responsabilités et sur un soutien ciblé plus important.

Les traditions patriarcales et le manque de structures d’accueil limitent encore fortement les perspectives professionnelles des mères, les poussant souvent à interrompre leur carrière. Ces interruptions et le travail à temps partiel freinent l’accès aux postes à responsabilité et réduisent les retraites, accentuant la précarité financière des femmes, notamment en cas de divorce ou de veuvage.

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Un métier invisible et des compétences trop peu reconnues

La situation reste difficile également du côté des mères au foyer !

En Suisse cela concerne une mère sur cinq. En moyenne les mères au foyer interrompent leur activité professionnelle pendant 5 ans pour se consacrer à la famille. Le groupe des mères dites « au foyer » est loin d’être homogène,  y compris dans leurs choix de vie et dans la manière dont elles s’investissent en tant que mère ou se projettent comme personne active professionnellement.

Des mères au foyer disent qu’elles pensaient arrêter leur travail pour une ou deux années à la naissance des enfants, qu’elles n’avaient pas envisagé de devenir femme au foyer. Fortement engagées dans la famille, c’est au moment où les enfants deviennent plus autonomes qu’elles se rendent compte du passage des années et de leur éloignement du marché du travail. D’autres ont fait le choix de se consacrer entièrement à la famille et ne souhaitent pas renouer avec le monde du travail. D’autres encore ont de la peine à se situer car, tout en étant au foyer, elles ont été actives dans le cadre d’engagements bénévoles ou travaillé auprès du conjoint sans reconnaissance ni rétribution financière, mais peinent à prendre une nouvelle direction.

Quoiqu’il en soit, les conséquences concrètes de ces interruptions professionnelles peuvent être très lourdes, y compris en Suisse :

  • Frein à l’occupation de postes à responsabilité et hiérarchiquement élevés (la plupart des promotions se font dans la période où les femmes fondent une famille, soit entre 31 et 40 ans)
  • Obsolescence et/ou non reconnaissance des compétences et difficulté de retour à l’emploi
  • Inégalité de rémunération, de prévoyance et risque plus élevé de précarité

L’engagement familial développe des compétences comparables à celles requises dans le monde du travail, pourtant ces compétences restent trop peu valorisées.

La question de mieux valoriser le travail domestique et d’accompagner plus efficacement les mères souhaitant renouer avec le marché du travail reste encore aujourd’hui un enjeu majeur.

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Et la retraite bien méritée ?

Que se soit dans leur engagement familial et/ou professionnel les femmes travaillent de façon différente mais tout autant que les hommes. Peuvent-elles pour autant espérer une égalité de traitement à l’âge de la retraite ? Autrement dit, quelle est la situation sur le front de la prévoyance ?

Les droits à la retraite d’une mère au foyer 

Une mère au foyer bénéficiera à la retraite de la rente AVS ainsi que d’un capital de libre passage du 2 pilier, à condition qu’elle ait travaillé avant d’avoir ses enfants. Toutefois, ces montants sont rarement suffisants pour couvrir les charges liées à la retraite. 

Au niveau de l’AVS, la rente sera égalitaire à celle de son mari. En effet, lorsque les deux conjoints atteignent l’âge de la retraite, leurs revenus AVS accumulés sont mis en commun et redistribués de manière équitable, en fonction des années de mariage. 

En ce qui concerne le 2 pilier, elle disposera probablement d’un capital de libre passage. L’un des inconvénients majeurs de ces fonds est que peu d’institutions permettent la conversion en une rente à vie, préférant verser un capital unique lors du départ à la retraite. De plus, les institutions de libre passage sont libres de fixer leurs propres frais et stratégies d’investissement, ce qui peut entraîner des performances variables, voire des pertes sur les capitaux investis, contrairement au système LPP. Il est donc primordial de vérifier régulièrement la performance de ces institutions et d’effectuer une demande auprès du Fonds de garantie LPP pour retrouver d’éventuels avoirs accumulés au fil des années. 

Les défis des femmes travaillant à temps partiel 

Les femmes qui travaillent à temps partiel rencontrent des défis similaires, bien que dans une moindre mesure. En plus de leur rente AVS, elles bénéficieront également d’une rente issue de la caisse de pension de leur dernier employeur, à condition que leur salaire dépasse le seuil minimum LPP (fixé à CHF 22 680.- en 2025). 

Comment réduire ces lacunes de prévoyance ? 

Plusieurs solutions permettent d’améliorer la situation financière des femmes à la retraite : 

Le 3 pilier A : Une femme travaillant à temps partiel peut cotiser à un 3 pilier A, qui lui offrira un avantage fiscal immédiat et un capital plus conséquent à la retraite. Le montant maximal annuel est de CHF 7 258.-, mais il est également possible de verser un montant partiel selon ses capacités financières. Si pas affilé à une caisse de pension LPP: 20% du salaire mais au maximum CHF 36 288/ an 

Les rachats dans le 2 pilier (LPP) : Pour celles qui ont la possibilité d’épargner davantage, il est possible d’effectuer des rachats dans la caisse de pension afin d’augmenter la rente à la retraite. Le montant maximal pouvant être racheté est indiqué sur le certificat de prévoyance. 

Adapter le plan de prévoyance des employés à temps partiel : Il est possible de discuter avec son employeur ou avec le représentant des salariés au sein de la commission de prévoyance (mentionnée sur le certificat de prévoyance) pour adapter le plan LPP. L’objectif est d’éviter que les travailleurs à temps partiel ne soient davantage pénalisés par rapport aux travailleurs à temps plein. 

Le 3 pilier B : Pour les femmes ne travaillant pas, mais souhaitant tout de même se constituer une épargne en vue de leur retraite, le 3 pilier B peut être une solution intéressante. Ce type de placement flexible permet de constituer un capital et, à terme, de le convertir en une rente privée. Sur Genève et Fribourg, un avantage fiscal est également donné aux assurés épargnant ce type de produit.  

Un enjeu de société

Bien entendu, ces solutions impliquent un effort financier qui n’est pas toujours accessible à toutes. Dans de nombreux cas, c’est aussi grâce au soutien du conjoint que ces stratégies peuvent être mises en place. 

La clé d’une retraite sereine réside avant tout dans une planification anticipée et une activité professionnelle aussi continue que possible. Une prise de conscience collective est nécessaire pour encourager une meilleure couverture des femmes dans le système de prévoyance suisse, afin qu’elles puissent aborder l’avenir avec plus de sérénité. 

N’hésitez pas à faire appel à nos services afin que nous trouvions ensemble la meilleure solution pour épargner en toute sécurité.  

Argos Group,  Maîtrise. Clarté. Engagement.